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Message  Scap Sam 12 Aoû - 3:53

Bon, histoire de mettre des posts longs, voici l'exemple d'un background écrit pour un de mes PJ.

Mara Sandstorm

L’homme s’appuya ostensiblement sur le dossier de son fauteuil et porta délicatement son verre de vin à ses lèvres, afin d’en boire une courte lampée. Avec un peu de recul, il pouvait encore plus savourer la superbe jeune femme qui s’affichait devant lui, embellie par l’éclairage vacillant de la bougie flottant dans un vase teinté. Il comprenait aisément l’attrait des jeunes couples pour cet endroit, les lumières tamisées renforçant le romantisme de rendez-vous amoureux. Visiblement, elle était mal à l’aise dans cette taverne pour nantis. Si les autres clients ne pouvaient pas lire son trouble dans la sombre alcôve qu’ils occupaient tous deux, Diark Merkis avait toute latitude pour remarquer des signes de sa crispation : sa mâchoire nouée, sa manière de triturer ses doigts ou de sans cesse repositionner ses mains sur la table, comme si c’est avant-bras étaient devenus des excroissances gênantes, inutiles. La jeune femme portait un justaucorps de soie brunâtre et une longue jupe droite, fendue sur tout le côté droit. Elle avait croisé ses jambes élégamment et il fallu beaucoup de sang-froid à Diark pour éviter de caresser ses cuisses longues et bronzées ou pour détourner son regard de cette incitation à la luxure. Elle ne portait pas de chausses, une simple chaîne d’or décorait sa cheville droite qu’elle agitait de temps en temps d’une oscillation de son pied. Elle le regardait de ses grands yeux verts émeraude, semblant l’inciter à prendre la parole pour rompre le silence pesant qui régnait à leur table. Diark décida de prendre son temps avant d’entamer la conversation, heureux de la maintenir dans un état de nervosité, lui donnant l’impression de la tenir entre ces mains, à sa merci. Cette vile pensée mesquine lui décrocha un sourire, que la jeune femme lui rendit maladroitement, spéculant qu’il tentait de se montrer aimable. Elle rejeta en arrière ses longs cheveux bruns bouclés, dévoilant un tatouage noir en forme de scorpion sur son épaule droite.

- Vous savez, ce tatouage me fait penser à une histoire, finit-il par lâcher d’une voix légère et agréable.

Diark observa les réactions de la jeune femme. Comme il s’y attendait, elle ne répondit pas, se contentant d’une moue. « Soit belle et tais-toi » pensa t-il intérieurement.

- Elle se passe à Scarve. Je suppose que vous devez avoir entendu parler de ce désert sans fin aux conditions de vie exécrables. Il y a beaucoup de rumeurs concernant cet endroit, et je dois l’avouer à contre cœur, trop sont réelles. Les pillards sans foi ni loi, le climat empêchant toute vie, la guerre de l’eau, les monstres se terrant dans le sable, tout ce que vous avez pu entendre sur ces sujets est malheureusement vrai.

Diark observait la jeune femme du coin de l’œil, verre à la main, tout en faisant semblant de scruter la salle et les quelques consommateurs qui s’y trouvaient. La jeune femme semblait inquiète, presque désemparée. A sa merci, pensa Diark, satisfait de son petit effet…

- On raconte bien des histoires sinistres sur Scarve. Mais une, plus particulièrement, a retenu mon attention. C’est l’histoire d’une jeune femme, dénommée Mara. On raconte partout qu’elle est la fille d’un grand chef pillard, mais cette assertion est fausse, comme beaucoup d’autres la concernant. La crainte que la jeune femme inspire a fait naître bien des légendes et les exactions qu’elle a commises, des vols en passant par des meurtres de sang-froid, sont sorties du contexte, si bien qu’on la juge trop souvent comme une femme irascible et sans cœur. Mais, lorsque vous aurez entendu son histoire, peut-être éprouverez-vous de la pitié pour cette jeune femme et vous pourriez, si ce n’est la pardonner, au moins la comprendre…


*
* *


Mara était assise dans la tente de son père. Du haut de ces 14 printemps, elle était une grande et belle jeune fille, jeune femme prête à enfanter aurait dit les hommes du campement, si son père n’était pas là pour les tenir à l’écart par des regards appuyés. Elle farfouillait, comme à son habitude lorsque le soleil était à son zénith et que la température à l’extérieur insupportable, dans les affaires de sa mère, que son père gardait scrupuleusement depuis son décès. En fait, il mettait dans ce vieux coffre en bois, ferré de bronze, toutes les affaires importantes à ses yeux. Elles n’avaient en soi aucune valeur pécuniaire, mais pourtant son père, si rude et austère d’apparence, s’obstinait à transporter ce lourd fardeau avec eux. Mara n’avait jamais connu sa mère. Le désert lui avait pris lorsqu’elle avait 3 ans, un Ashorn piqueur ayant surgit des sables et l’ayant emporté une nuit alors qu’elle s’était éloignée du camp. Son père ne parlait jamais de sa mère, pas plus qu’il n’aimait qu’on l’évoque devant lui. Pourtant, Mara l’entendait pleurer et l’appeler certaines nuits. Mais Scarve n’avait que faire des lamentations de ceux qui restaient en vie. Le désert se contentait de prendre et de donner, sans discernement. Mara avait appris, parmi les nomades, à se méfier du désert, à le dompter, à le cajoler. Si elle était attentive et pure, peut-être que le désert l’épargnerait suffisamment longtemps pour qu’elle connaisse l’amour, pour qu’elle connaisse la joie d’être mère. Il ne fallait pas demander beaucoup plus à Scarve. La vie, que les autres peuples considèrent comme un droit, est ici appelée chance…

Mara finit par s’intéresser à une robe. Elle se leva, la déplia et la plaça contre son corps, pour voir comment elle lui allait. Elle était un peu trop grande mais plus de beaucoup. Il faut dire que Mara avait hérité de la stature de son père, élancée mais musculeuse.
- Elle te va bien, je trouve.
Mara sursauta et lâcha la robe en poussant un petit cri. Son père se tenait sur le seuil de la tente et dénouait son turban bleu. Elle savait que son père n’aimait pas qu’elle touche au coffre, encore moins à son contenu, mais aujourd’hui, elle le sentait de bonne humeur.
- Viens par ici, dit-il. Viens te regarder.
Il sortit de son sac un morceau de tissu enveloppant un objet. Il le déplia soigneusement, révélant une curieuse lame courbe et large, sans manche. Il ramassa la robe (Mara n’avait toujours pas bougé, tétanisée par l’appréhension), lui rendit pour finir par se placer dans son dos. Son père passa son bras par-dessus son épaule et orienta la lame de telle sorte à ce qu’elle puisse se voir. Elle aurait été jolie dans une telle tenue, mais déjà Mara pensait à autre chose.
- Père, qu’est ce que cet objet ? demanda-t-elle, candide.
- Une lame de faux. Un objet qui appartenait à notre famille avant le cataclysme, lorsque Scarve était une contrée verte et chatoyante. Lors que l’herbe poussait si haut qu’il fallait la couper pour qu’elle n’envahisse pas les maisons. Lorsque les arbres n’avaient pas d’épines, mais des feuilles et des fruits. Lorsque les hommes vivaient du produit des terres et des bêtes et non pas lorsqu’ils vivaient comme des animaux. Lorsque les voisins se saluaient en souriant plutôt que de se tuer pour de l’eau. Lorsque la vie était simple et belle pour tous et non lorsqu’elle vous prend …
Il ne termina pas sa phrase. Mara serra instinctivement le bras de son père pour le réconforter. Mais rapidement, comme si son amour pouvait être la pire des futures blessures, son père dégagea son bras et partit en direction de sa couche. Sans un mot.

Peut-être que si Mara avait respecté les règles du désert, peut-être que si elle n’avait fait de la peine à son père, peut-être qu’il aurait entendu plus tôt les bruits de lutte... S’il s’était réveillé ne serait-ce qu’une seconde plus tôt, les pillards n’auraient pas eu le temps de l’abattre. Le désert donnait, le désert prenait. Tel était la vie à Scarve…

*
* *


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Message  Scap Sam 12 Aoû - 3:54

Diark regarde sa douce compagne. Son regard était vide, il lisait maintenant la peur dans ces yeux. Il sirota son vin, tirant une profonde jouissance de la situation.
- J’aimerais vous dire qu’elle n’a pas été capturée par le Sultan, un magicien maléfique et sans scrupules. J’aimerais vous dire qu’elle s’est tellement bien défendue qu’ils la laissèrent saine et sauve. J’aimerais vous dire qu’elle n’a pas été violée, battue, humiliée, torturée pendant toutes ces années. J’aimerais vous dire qu’elle trouva, même dans ces plus sombres moments, du réconfort auprès d’une personne à l’âme charitable. Mais Mara a vécu un véritable enfer pendant les 5 années qui ont suivies la mort de son père…

*
* *

Mara recracha avec dédain le sexe du Sultan sur le sol, le goût du sang semblant atténuer la douleur laissée par le fouet de l’énorme mage adipeux, sinistre rituel qu’il appelait la « préparation ». Il gisait à quelques pas de là, torse nu, les deux mains plaquées sur son entrejambe, tentant d’arrêter le flot de sang qui s’échappait de sa blessure. Il suait encore plus qu’à son habitude, mais Mara ne le remarqua même pas, habituée qu’elle était à sentir son odeur écoeurante sur son corps. Elle se releva dans un rictus de satisfaction, s’approcha rapidement du porc qui gisait au sol et lui porta un violent coup de pied au visage. Elle avait appris à ses dépends que l’homme était plein de ressources et que sa magie était redoutable et redoutée. Une fois, d’un geste de la main, il lui avait démis l’épaule, avant de la prendre brutalement et s’était amusé à lui tordre le bras dans différentes postures. Elle n’avait pas oublié cette leçon, comme toutes les autres d’ailleurs. Elle se rappelait aussi la fois où il l’avait jeté dans un puit rempli de scorpions et comment il se délectait de la voir tressaillir à chaque piqûre. Elle ne se rappelait plus du nombre de fois où elle aurait aimé mourir que de continuer ainsi, oscillant sans cesse entre désespoir, rage, haine et honte. Le sultan poussa un gémissement. Mara, qui jusqu’alors se tenait tremblante à ses côtés, absorbée par des pensées funestes, sortit de sa semi torpeur. Elle saisit une vasque dorée qui traînait sur la table et enjamba l’homme. Elle souleva la vasque à deux mains et lui asséna un violent coup sur la tête, se servant du bord comme d’une lame tranchante. Du sang gicla sur son front et elle continua à frapper, pris d’une soudaine frénésie, jusqu’à ce que sa tête ne soit plus que de la bouillie… Chaque coup qu’elle lui portait paraissait la soulager de sa souffrance.

Le spectacle qu’elle offrit aux gardes lorsqu’ils arrivèrent pour porter secours au Sultan était stupéfiant. Elle était nue, à califourchon sur son « maître », couvert de sang de la tête au pied, riant aux éclats, proche de la folie. Si les gardes ne la connaissaient pas depuis longtemps, ils l’auraient pris pour un démon. Mais ils se contentèrent de lui porter un lourd coup de pommeau à la tempe qui la projeta au sol. Elle ne cessa pas de rire pour autant. Elle savait qu’elle était perdue, mais elle mourrait heureuse…

Les hommes du Sultan hésitèrent longtemps sur son sort. Certains voulaient lui arracher dents, langue, yeux, la défigurer définitivement. D’autres envisagèrent de l’abandonner dans le désert. Mais finalement, ils optèrent pour la vendre au marché aux esclaves. Si mal nourrie qu’elle était, elle n’en demeurait pas moins une superbe créature, représentant un bon prix, peut-être 2 à 3 chameaux. Elle fut donc battue pour la forme, enchaînée avec d’autres esclaves et conduite à travers le désert en direction de Al Ryhad, la cité des esclaves. La chaleur était accablante, le sable brûlant leurs pieds nus. Ils marchaient tels des zombies dans le désert, les lourdes chaînes qui entravaient leurs mouvements, lorsqu’elles ne les faisait pas trébucher et tomber, accroissaient la sensation de soif et de fatigue. Lorsqu’un esclave mourrait, on arrêtait la sinistre procession, libérait le corps du malheureux et l’abandonnait aux bons soins des charognards qui planaient au dessus de leur convoi. La volonté et la hargne de Mara s’étaient évanouies avec la mort du Sultan. Elle n’avait plus la force de continuer, d’ailleurs dans quel but ? Pour servir un autre maître malfaisant ? Finalement, la mort était peut-être la seule délivrance qui l’attendait. Mourir ici dans le désert. Nourrir de sa chair et son sang quelque chasseur ou prédateur. Tel était le cycle de la vie à Scarve. Elle se laissa tomber sur le sol, décidée que son destin était tracé, inaliénable. La vieille femme qui la suivait tenta de la relever, avant qu’un cinglant coup de fouet ne la remette dans le rang. Le garde descendit de sa monture et s’approcha de Mara avant de la frapper à plusieurs reprises pour qu’elle se remette en route. Mais, malgré les coups douloureux et cinglants, Mara ne se releva pas. Elle s’abandonna complètement au désert. Le sable chaud lui rappelait son père lorsqu’il la serrait dans ces bras. Elle sentait sa présence, dans le sol, elle sentait qu’il l’appelait. Elle apercevait sa silhouette qui se découpait dans le soleil couchant, l’attendant aux côtés de sa mère. Elle ne prêta pas attention aux pillards qui approchaient. Elle n’entendit pas le court combat, ni la fuite des gardes abandonnant les esclaves. Elle poussa juste un gémissement lorsque l’on l’arracha à ses parents, lorsqu’on la souleva de terre pour l’emmener au loin…

*
* *


Dernière édition par le Sam 12 Aoû - 3:56, édité 1 fois
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Message  Scap Sam 12 Aoû - 3:54

- Quelle ironie, n’est ce pas ? Mara était décidée à mourir. Si la providence, qui l’avait jusqu’alors abandonnée, n’était pas intervenue, la terrible Mara n’aurait pas eu l’occasion de répandre mort et désolation à son tour, créant autant d’injustices qu’elle en avait subies. Le destin prend parfois des tournures bien étranges…
Diark souriait, comme s’il venait de raconter une histoire particulièrement drôle. Mais la jeune femme ne semblait pas trouver le récit aussi fascinant que lui. Son regard s’était assombri. Il enchaîna rapidement, espérant que son charisme naturel la dompterait encore quelques temps.
- Les pillards étaient tous des anciens esclaves. La chance ou l’audace leur avait permis de retrouver leur liberté. Leur chef, Artemis Vilroy, les a organisés, entraînés. Il leur a donnés une forme de discipline et fait entrevoir son rêve : une nation sans esclaves, sans tyrans. Une nation d’hommes libres…

*
* *

Mara somnolait et s’étira sur sa couche couverte de peaux. Sa main ne trouva pas la présence d’Artemis à ses côtés, aussi elle força ses yeux à s’ouvrir pour voir où il se trouvait. La grotte était encore plongée dans l’obscurité, éclairée par quelques champignons et moisissures lumineuses. Artemis était posté à l’entrée du réseau de cavernes, en train de scruter le ciel étoilé. Cela lui arrivait souvent. Tout comme elle, il ne parlait jamais du passé. Mais Mara savait qu’il y avait quelque part une autre femme, une de celles qui font tourner la tête des hommes et chavirer les cœurs des plus endurcis. C’est peut-être parce qu’ils souffraient tous deux de blessures suintantes qu’ils s’étaient rapprochés. Mara qui n’avait connu que l’amour contraint, bestial, était loin d’imaginer la force d’une relation tellement fusionnelle. Elle était à mille lieux de concevoir qu’elle s’offrirait ainsi à un homme, qu’elle apprécierait ses caresses et sa présence sur son corps. Mais Mara était aussi persuadée que rien de ce qu’ils vivaient ne durerait bien longtemps. C’est peut-être pourquoi elle ne voulait pas connaître l’histoire de l’autre femme, pourquoi elle se contentait de le serrer fort dans ses bras et de lui offrir l’abandon dans une nuit d’ébats. Elle avait découvert avec l’amour la jalousie et savait ce poison plus fort encore que bien d’autres sentiments humains. Elle se leva, lui prit la main et l’entraîna jusqu’à leur lit. Et ils oublièrent ensemble leur morosité…

Ce fut Dungar qui les tira de leur étreinte lascive. Le jeune homme pénétra dans la grotte en toussant fortement à plusieurs reprises, gêné de devoir interrompre leurs oaristys. Artemis se redressa tout en essayant de dissimuler avec la peau de mouton le corps de sa compagne. Lui aussi avait appris qu’il n’était pas bon d’exposer ses trésors, même à des personnes de confiance. La cicatrice qui parcourait son dos, triste souvenir laissé par son meilleur ami, lui rappelait souvent son aveuglement passé.
- Qu’y a-t-il, Dungar ?
Dungar passa son moignon sur son front, qu’il gratta nerveusement. Ses anciens maîtres l’avaient surpris à voler de la nourriture et cette mutilation fut son châtiment.
- Les hommes du Sultan. Ils passent un convoi en pleine nuit, finit-il par lâcher. Ils se dirigent droit vers la mer de sable…
Artemis se releva soudainement.
- Les fous ! Ils vont tous périr !
La mer des sables. Cette portion de sable particulièrement léger et fin qui occupait principalement le centre de Scarve, était un véritable piège, même pour les nomades aguerris. Certaines portions de la mer de sable étaient plus redoutables que les sables mouvants que l’on pouvait trouver partout ailleurs sur la surface du globe. On s’enfonçait dans la « mer », comme on le disait ici, quasiment instantanément. Si d’aventure la victime parvenait à « nager », elle était bien souvent la cible des prédateurs qui vivaient dans ce sable peu dense, dont les terribles Scarabivores, capables de dévorer un bœuf en quelques secondes. Fort heureusement, avec l’expérience, on apprenait à détecter le miroitement particulier de ce sable et éviter de mortelles déconvenues. Personne de sain d’esprit ne pouvait osé s’aventurer dans une telle zone de nuit.
Mara se leva, renonçant à toute pudeur et attrapa ses vêtements.
- Qu’attendons-nous, allons-y ! lâcha-t-elle devant les deux hommes médusés.

L’assaut lancé par les « affranchisseurs » fut particulièrement sanglant. D’habitude, confronté à un grand nombre de pillards, les gardes abandonnaient rapidement leur marchandise, préférant leur survie à toute forme de combat contre des fanatiques. Les attaques orchestrées par le groupe d’Artemis avaient eu pour conséquence de renforcer le nombre de défenseurs, mais les esclaves nouvellement libérés ne cessaient de gonfler leurs rangs, bien plus rapidement que les moyens alloués par les esclavagistes pour protéger leurs convois. Mais dans la mer de sable, la fuite était quasi impossible. Ceux qui s’y essayèrent disparurent rapidement, aspirés par les sables… Les gardes, refroidis par la mort de leurs collègues, se retournèrent en direction des pillards, préférant tenter leur chance contre la horde de barbares plutôt qu’une mort certaine dans les bras du désert de Scarve. Artemis comprit instantanément la situation et tenta de retenir ses hommes, espérant négocier une reddition qui permettrait d’éviter une lutte sanglante. Mais Mara ne l’entendait pas de cette oreille… Elle darda sa monture sur le gros des troupes. Mara avait beaucoup appris auprès d’Artemis et avait depuis longtemps dépassé son maître et amant dans l’art du combat. Elle s’était entichée d’une étrange arme, une immense faux, et force était de constater qu’elle la maniait avec une redouble efficacité. Voir Mara, presque dressée sur ses étriers, faire tournoyer sa faux était une expérience terrifiante. Bien souvent, la jeune femme se retrouvait couverte du sang de ses ennemis et son visage, généralement si angélique, était teinté d’un rictus proche de la démence. La charge de Mara fut accueillie par des lances dressées. Mara les écarta d’un mouvement circulaire de faux, tranchant quelques jugulaires au passage. Un garde, profita de son immobilité passagère, pour l’attaquer de flanc. Elle évita le coup, quittant sa selle et sautant par-dessus l’esclavagiste en exécutant une pirouette majestueuse. Elle retomba à genoux, juste derrière son adversaire, s’arrangeant pour laisser traîner sa faux en arrière. La tirant d’un coup sec pour la ramener en main, la lame de la faux trancha le pied de son assaillant, qui tomba au sol en criant. Elle s’élança alors en direction d’un groupe tremblant de peur. Ils espéraient peut-être se sécuriser en restant proches les uns des autres. Mara termina sa course par une glissade qui projeta du sable dans leurs yeux. Aveuglés, ils étaient bien incapables de se protéger des violents enchaînements de coups de Mara… Lorsqu’elle se retourna, elle constata que les derniers ennemis avaient été éliminés par le reste des hommes. Mara égorgea un garde mortellement blessé et agonisant au sol. Quoiqu’il ait fait, il ne méritait pas de finir dévoré par la morsure du désert de Scarve…

*
* *

Diark avait la gorge sèche. Il se resservit un verre de vin et s’apprêtait à combler celui de la femme. Il constata avec surprise qu’elle n’y avait pas touché.
- Vous n’avez pas soif ?[i] s’inquiéta t-il faussement.
La jeune femme lui lança un regard noir et haineux. Elle lui répondit sèchement :
-[i] Non, je bois vos paroles. Cela me suffit…

Diark la dévisagea froidement lorsqu’elle prononça ces quelques mots. Elle était certes belle, mais il savait qu’elle pouvait être dangereuse. Elle manquait juste de mordant ou de finesse, un je ne sais quoi qui la rendrait vraiment percutante. Sa menace voilée sonnait comme une sombre promesse, mais s’il ne la connaissait pas parfaitement, il aurait ri aux éclats devant une attaque aussi maladroite.
- Par la suite, les esclavagistes se sont unis. La troupe d’Artemis, qui d’ailleurs était devenue pour tous, la troupe de Mara, était une véritable plaie pour le commerce. Aussi, ils décidèrent de louer les services d’aventuriers et chasseurs de prime de tout bord, pour les circonvenir. Mais curieusement, le danger ne vint pas de l’extérieur…
La femme fit un geste de la main pour l’arrêter.
- Je connais ma vie, Sire Diark. Nul besoin de me la raconter. Que voulez-vous au juste ?
Diark sourit. Un sourire éclatant et moqueur à la fois. Un sourire victorieux.
- Cela ne paraît pas évident ? lui répondit-il aimablement.

*
* *


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Message  Scap Sam 12 Aoû - 3:55

Mara se tenait en haut du pic rocheux. Une centaine de mètres plus bas, la mer de sable s’étendait à perte de vue. Des vaguelettes de sable venaient, au rythme du vent, s’écraser sur la paroi abrupte. Elle venait souvent regarder le flux et reflux du sable à cet endroit. Artemis lui dit un jour que cela ressemblait étrangement à la mer, cette vaste étendue d’eau salé qu’il avait connu dans sa jeunesse. Elle savait maintenant que jamais elle ne la verrait. Elle entendit des bruits de pas en provenance du conduit de la grotte qui venait jusqu’ici. Ils arriveraient bientôt. Elle regarda tout autour d’elle pour tenter de trouver une issue. Rien, si ce n’est des rochers saillants et tranchants. Artemis disait que cet endroit était leur « porte dérobée », leur seule possibilité de fuite si jamais les grottes étaient attaquées. Mais de là où elle était, elle ne voyait nulle possibilité de s’échapper.

L’attaque avait eu lieu pendant la nuit. Elle ne dormait pas et pensait à sa dispute avec Artemis, qui la jugeait trop emportée et violente. Les hommes commençaient à avoir peur d’elle. Elle lui avait dit qu’elle s’en moquait, et lui avait demandé s’il avait peur d’elle. Et il s’était tu. Mara n’avait pas pleuré depuis des années, mais cette nuit-là, les larmes coulèrent longuement le long de ses joues avant que le sommeil l’emporte. Est-ce son instinct qui la réveilla cette nuit là ou un bruit inhabituel ? Elle ne le saura jamais. Se relevant, elle découvrit qu’Artemis n’était pas à ses côtés, ni même à son poste d’observation nocturne préféré. Immédiatement, ces tristes pensées s’envolèrent, laissant place à la jalousie. Elle se demanda s’il ne partageait pas son temps avec une autre femme, peut-être Tasha, cette jeune femme rousse qui lui rappelait son pays. Elle s’habilla rapidement. Elle faillit partir, mais décida de prendre sa faux, au cas où… Cette situation singulière la projeta des années en arrière. Elle pensa à ses parents, chose qu’elle n’avait pas faite depuis ce qui lui semblait être une éternité. Elle se demanda si sa mère n’était pas morte suite à une pareille dispute avec son père. Après tout, pourquoi s’éloigner du campement sans son époux ? Elle avança silencieusement en direction du conduit menant aux autres cavernes, là où il pensait les trouver…

Elle faillit percuter Dungar dans un conduit étroit. Il était suivi de près par deux inconnus, armes au clair. Il ne lui fallu pas longtemps pour comprendre. Dungar avait une mine désolée qui en disait long.
- Ne tente rien Mara. Cela serait inutile. Ils sont trop nombreux, dit-il rapidement.
Une sourde colère commença à palpiter dans son ventre. Une haine incoercible qui ne demandait qu’à exploser.
- Tu nous as trahis, éructa t-elle.
- Comprends-moi, ils détiennent ma sœur, Mara…
Mara savait qu’il mentait. Elle avait ce don, depuis petite. Les deux hommes se faisaient plus menaçant. Si elle ne réagissait pas rapidement, il serait sur elle. Dans cet étroit conduit, impossible de manier sa faux. Ils avaient l’avantage du nombre et du terrain. Elle se concentra, tenta de se calmer, répétant intérieurement et inlassablement ces mots : « maîtrise ta colère, contient la, n’engages pas le combat. Fuis ».
- Combien ? Combien t’ont-ils donné ? lâcha t-elle en lui assénant un terrible coup de pied.
Dungar s’écroula au sol, gênant la progression des deux mercenaires. Elle ne demanda pas son reste, fit volte-face et s’enfuit. Fuis, ne t’arrêtes pas…

Elle était prise au piège. Aucune issue. Plusieurs hommes débouchèrent sur la plate-forme, forçant Mara à abandonner l’examen de la falaise et à faire front. L’un d’entre eux commença à gesticuler et à psalmodier. Un mage… Elle se surprit à penser qu’elle détestait encore plus les magiciens que les esclavagistes. Un couteau se planta dans sa poitrine la ramenant à la réalité. Elle s’était déconcentrée une seconde à peine et un des mercenaires en avait profité. Les autres hommes se dispersaient en éventail, se rapprochant inexorablement de sa position. Le mage, quant à lui, restait en arrière, sa main droite entourée d’un halo bleuté.
- Rends-toi, Mara la sanglante ! lui ordonna t-il.
Les mercenaires semblaient sûrs d’eux et expérimentés. Sans le magicien, elle aurait peut-être tenté sa chance. Mais à quoi bon se battre, des dizaines d’autres ne devant certainement pas tarder à arriver jusqu’ici.
- Jamais ! répondit-elle
Elle écarta les bras et se laissa tomber en arrière. Un des hommes se précipita pour la rattraper mais sa main se referma sur du vide. Pendant sa chute, elle pensa à Artemis. Elle aurait aimé le revoir une dernière fois. Le contact avec le sable fut moins douloureux que prévu. Il était encore chaud de la veille. Cette présence familière la rassurait. Elle ne tenta pas de nager. Le sang s’échappant de sa blessure la condamnait. Les scarabivores allaient affluer et la dévorer. Elle s’abandonna complètement au désert. Le sable chaud lui rappelait son père lorsqu’il la serrait dans ces bras. Elle sentait sa présence, tout autour d’elle, elle sentait qu’il l’appelait. Elle apercevait sa silhouette qui se découpait dans le soleil couchant, l’attendant aux côtés de sa mère. Elle ne prêta pas attention aux Scarabivores qui arrachaient sa chair. Elle ne pensa pas à Artemis. Elle ne pensa pas au manque d’air. Elle poussa juste un gémissement lorsque l’on l’arracha à ses parents, lorsqu’on la terre la recracha sur un rocher de pierre volcanique…

*
* *


Mara chercha ce que son employeur voulait dire. Ses phrases énigmatiques, son sourire enjôleur, commençait sérieusement à l’énerver. Instinctivement, sa main se tendit sur sa droite pour saisir sa faux. Elle ferma les yeux quand elle se rappela l’avoir laissée dans la chambre. Contrainte de continuer à converser, malgré tout.
- Non, cela ne se devine pas. Vous m’engagez pour vous escorter. Puis vous m’inviter à partager votre repas sous un prétexte fallacieux, qui m’a laissé naïvement croire que vous aviez envie de compagnie. Et là, plutôt que de dîner comme convenu, vous me racontez ma vie. Que dois-je comprendre à toutes ces simagrées ?
Diark fut presque touché par tant de candeur. Son visage affichait toujours une profonde satisfaction.
- Il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre. Comment avez-vous survécu à cette chute ? Et pourquoi avez-vous fuit Scarve ? Simple curiosité personnelle, vous comprenez ?
Mara resta bouche bée. Comment pouvait-il éluder aussi simplement ses questions ?
- Si vous êtes parvenu à retracer toute mon histoire, vous parviendrez pareillement à en combler ces lacunes. Ou à inventer une suite qui vous plaira.
Diark éclata de rire.
- Pourquoi ne pas dire simplement que vous êtes tombés sur une faille menant au plan élémentaire de la terre ? Pourquoi ne pas parler de votre nouvelle vie en tant que mercenaire. Comment vous surnomme t-on déjà ? Oh, je l’ai sur le bout de langue. Un nom ridicule. La tamiseuse ? Non, ce n’est pas ça. L’esclave des sables ?
La colère, si familière, grondait dans le ventre de Mara. Du sable commença à couler sur le sol, s’échappant de sa jupe.
- Ne vous fâchez pas. Ceci n’est qu’une conversation amicale. Vous n’aurez pas besoin de ce sable ici. Puis-je vous rappeler que vous n’êtes pas armée ? dit Diark en repoussant légèrement du pied le monticule qui se formait à côté de lui.
- Je pourrais vous arracher votre pomme d’Adam à l’aide de mes dents, répondit Mara en sifflant. Ne me tentez pas !
Diark comprit qu’il l’avait menée à bout. Cela avait été plus facile qu’il ne l’avait imaginé. Finalement, elle ne conviendrait peut-être pas. Mais il était temps d’abattre toutes ses cartes. Enfin, presque toutes… Il sortit un étui à parchemin de sa poche, qui posa sur la table.
- Je travaille pour quelqu’un de très puissant. Il désire engager des mercenaires à la moralité, disons, douteuse. Des personnes qui ne cherchent pas à discuter des motifs, qui savent fermer les yeux. Des personnes expérimentées. Des personnes connaissant les plans. Mais, comme mon employeur est prudent, surtout lorsqu’il engage de nombreux vétérans, il a tendance à se renseigner quelque peu. Afin de savoir si vous êtes fiable, par exemple. Il a donc eu recours à mes services pour en apprendre plus. Si vous êtes d’accord, je vous accompagnerais jusqu’au lieu de rendez-vous, un endroit particulièrement distant. Hop, hop, hop ! N’y songer pas un instant. Je lis dans vos yeux que vous voulez me tuer. Mais voyez-vous, je suis le seul à pouvoir vous emmener jusqu’à ce travail.
Pour bien faire passer son message, Diark tapota sur l’étui à parchemin.
- Quel est le salaire ?
- Pourquoi parler argent ? répondit Diark d’une voix mielleuse. Mon employeur est prêt à vous offrir deux de vos connaissances en récompense d’une petite tâche. Dungar et Artemis, sur un plateau.
Diark posa à côté de l’étui à parchemin une petite boîte de bois et la glissa jusqu’à Mara. Elle l’ouvrit, sachant ce qui s’y trouvait, puis referma l’écrin.
- La preuve qu’ils sont vivants.
- Un d’avance. Le reste lorsque le contrat sera terminé.
- Je ne suis pas en mesure de négocier les termes du contrat…
- Alors, à quoi tu sers ? dit-elle sèchement
Mara se leva brusquement, sortit une petite lame courbe de sa jupe et trancha la gorge de Diark, qui s’écroula sur la table. Elle ramassa l’étui à parchemin et la boîte. Elle se leva tranquillement et rangea son couteau pendant que le sang de la jugulaire de Diark s’étendait sur la table. Les consommateurs la fixaient avec horreur. Mara les dévisagea et se dirigea vers sa chambre. Arrivée devant les marches de l’escalier menant à l’étage, elle se retourna et dit :
- Il voulait me quitter pour un autre homme…
Certains hochèrent la tête en signe d’acquiescement.

*
* *
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Message  RestlessSoul Sam 12 Aoû - 19:03

Oh... Romancier peut-etre ? Serieusement j'ai lu des livres moins bien écrits! Bravo. (Meme si ça manquait un peu de morts vivants a mon gout)
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Message  Guillaume Sam 12 Aoû - 19:10

Si tu veux voir une histoire de mort-vivant t'as qu'à lire l'histoire de Vlad, c'est pas mal comme truc ce que j'ai écris la je trouve. Mais bon, c'est sur que c'est chacun ces goûts. Et oui, c'est vraiment splendide comme histoire de fond(j'aime pas le mot background). Vraiment celui qui à écrit sa, il à du talent.


J'ai rarement vu quelqun mettre autant de temps à ne fiche(alias un perso pour que tu comprenne mieux). Il devait avoir beaucoup de temps libre devant lui ton joueur. Moi c'est toujours le Md qui la fait sur le moment mon histoire, et je trouve sa très bien comme sa, car je n'ai vraiment pas d'immagination pour ces trucs la.
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Message  RestlessSoul Dim 13 Aoû - 12:12

Personnellement les backgrounds c'est aussi le MD qui nous tire a la volée une couple de phrase qui résume pourquoi, comment et où on est au départ.
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Message  Scap Dim 13 Aoû - 13:42

Guillaume a écrit:Vraiment celui qui à écrit sa, il à du talent

Tu parles du tien ou du mien (Vlad ou Mara en somme) ? Rolling Eyes
Je demande ça parce que j'aime bien avoir des retours sur ce que je fais.

PS : Bon, allez, je vais changer le titre du message en "histoire de fond" Wink
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Message  Scap Dim 13 Aoû - 13:43

Néanmoins, il est vrai que les "histoires de fond" sont souvent négligée par les joueurs et/ou les maîtres. Or, c'est quand même sympa de pouvoir expliquer son perso et son histoire.
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Message  RestlessSoul Lun 14 Aoû - 11:12

C'est sur que de jouer toujours dans le meme univers qu'on connait par coeur rend la tache plus aisée parce que on peut dire je viens de tel ville dans tel pays...

mais dans des univers toujours changeant et quand le MD (moi) fait une mappe-monde a partir de la troisieme séance de jeu uniquement on ne peut pas vraiment s'inventer une histoire.
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Message  Scap Lun 14 Aoû - 12:53

Scarve n'existe pas en fait. Créé pour les besoins du background, merde de l'histoire de fond, même s'il est en partie inspiré de Darksun.
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Message  RestlessSoul Lun 14 Aoû - 13:14

Histoire de fond sa fait téteux j'aimes mieux Background moi aussi
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Message  Guillaume Lun 14 Aoû - 15:22

Tsss les jeunes aucun respect pour le francais...Ben trop d'anglicismes chez les ado quand a moi ! Dont le fameux 'man' qui me tappe royallement sur les nerfs ! Et Scap je parlais de la tienne, je suis pas égocentrique pour parler de la mienne de cette manière la.
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Message  RestlessSoul Lun 14 Aoû - 16:30

C'ets vrai que "man" c'est degueulasse y a juste le monde qui ecoutent du rap pour dire encore sa.

J'avais 8 ans sa se disait mais la... dans mon coin quelqu'un qui dit encore sa il a l'air cave un peu.
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Message  Scap Lun 14 Aoû - 16:55

Je préfère "guys" si je devais utiliser un terme anglais. Mais bon, de toute façon, chez nous, c'est plutôt "sali les gars, ça geht's ?"...

guillaume a écrit:Et Scap je parlais de la tienne, je suis pas égocentrique pour parler de la mienne de cette manière la.

Ok, mais c'était super clair quand je l'ai lu. Du coup, je réponds à tes remarques :
guillaume a écrit:Vraiment celui qui à écrit sa, il à du talent.
Merci alors... Chose marrante, y'a des jours où j'écris mieux que d'autres. Mara est sorti d'une traite, en 8 heures environ. J'ai même du freiner sur la fin, parce que je savais pas si le md lirait la moitié. J'ai donc préféré m'arrêter un peu à l'arrache.
(Notez, je dis pas ça pour me faire mousser, c'est pas le but mais je me suis dis pourquoi ne pas mettre les backs que j'écris à l'occasion lorsque j'ai le temps)
Pour moi, c'est l'élement central d'un perso. Sans back, c'est qu'un perso avec une classe et un niveau, rien de vraiment super transcendant. Avec le back, tu justifies la plupart de tes choix de dons, de compétences et d'armes sans soulever de regard interrogateur de la part du md.
J'en ai d'autres sous le coude pour ceux que ça intéresse (mais comme c'est généralement long, je préfère demander).
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Message  Guillaume Lun 14 Aoû - 17:05

Ouais ouais vas-y te gêne pas, c'est la pour sa cette section la.
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Message  RestlessSoul Mar 15 Aoû - 11:25

C'est sur qu'a faire des backgrounds aussi long le MD as t'il le temps de le lire entre le moment ou les joueurs font leur fiches, combattent a grands coup d'armes de GN, quêtent de quoi bouffer et finalement finisse leur fiches et chialent pour commencer immédiatement?
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Message  Dragon Mar 15 Aoû - 11:56

Super background!

C'est vraiment bien écrit!

Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy <-------comme les 5 étoiles!
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Message  Scap Mar 15 Aoû - 15:34

Un autre, assez étrange je dois dire... Mais le joueur était dans le trip là, alors, je lui ai écrit ce petit back...

Le chevalier Morgan Kunelov déambulait dans les rues de Hlammach. C'était la première fois qu'il y mettait les pieds ; à bien y réfléchir, c'était la première fois qu'il quittait sa Damarie natale. Pour l'instant, à l'exception la taille de la cité et du climat plus doux, la cité d'Impiltur n'était pas réellement différente de sa patrie. Les Impilturiens étaient certes moins imposants que leurs compères Damariens, mais parlait un dialecte si proche qu'on ne faisait la différence qu'en se concentrant attentivement. Morgan était d'abord descendu sur une péniche de minerai d'argent en provenance des mines de Damarie, puis avait continué le voyage à pied, prenant volontairement son temps avant d'embarquer sur le Faucon noir, bateau qui le conduirait vers les terres de Chessenta, où il devait y recevoir l'enseignement militaire tant convoité par son père. Son père, pensa Morgan en soupirant instinctivement. Igor Kunelov était de noble ascendance, mais à force de mauvaise gestion, son domaine avait décliné au fil des ans, attirant de moins en moins de chevaliers et devant donc céder de plus en plus de terres, incapable de les défendre avec une armée digne de son nom. Finalement, Igor Kunelov fut obligé de consentir à la proposition du baron Donvely de Polten, qui lui offrit sa protection. Techniquement, il s'agissait d'une annexion en douceur, sans guerre ni bain de sang. Igor Kunelov devint sénéchal, nourrissant un désir farouche de prendre sa revanche contre ceux (ils étaient nombreux) qui l'avaient spolié de ses terres. Il était un homme rude, sans réelles manières, considérant la force physique et brutale comme le seul moyen d'imposer sa volonté. Il avait élevé son fils dans cet esprit, mais Morgan avait la stature et le caractère de sa mère, une femme douce et raisonnable (c'est d'ailleurs elle qui avait convaincu son mari d'accepter la proposition de Donvely, considérant que celle-ci était plus qu'honorable). Igor Kunelov ne s'était jamais réellement remis depuis et avait reporté tous ses espoirs belliqueux sur son unique fils. Conscient de ses propres lacunes (Igor savait à peine lire), il avait décidé d'envoyer Morgan dans un temple de Tempus, dieu de la guerre, où il serait à même d'apprendre la stratégie militaire et l'art du combat. Igor avait économisé une petite fortune pour offrir à son fils l'enseignement de cette école prestigieuse, sans se soucier des souhaits et aspirations de ce dernier. Morgan avait plié sans mot dire, partagé entre son devoir d'aîné de la famille et sa peur des colères de son géniteur (dont certaines se lisaient encore sur le corps de son enfant).

Ses pas l'avaient guidé jusqu'au grand port d'Hlammach et Morgan contempla pour la première fois de sa vie l'étendue de mer qui le séparait de sa destination. Son nez rougi par les embruns, il observa de longues minutes les vagues s'écraser sur la jetée avant de reporter son attention sur les navires et embarcations qui mouillaient dans le port. Jamais il ne se serait douté de la grandeur de ces bateaux et curieusement, alors qu'il avait entamé le voyage avec peu d'entrain, il était soudain impatient de monter à bord, de traverser les mers et les flots. Il était avide de savoir comment manier ses géants de bois et impatient de rencontrer un Mage-marin, fierté de tout Impiltur. On les disait capable de changer le sens des courants et de faire varier le sens et la force des vents. Si de tels hommes existaient, ils devaient être d'une puissance incomparable. Au fond de lui, Morgan aurait aimé être un marin, un grand voyageur. Il avait l'âme d'un diplomate, d'un ambassadeur, pas celle d'un guerrier. Le vent se leva soudainement, faisant claquer les cordages sur leurs attaches. Morgan sentit l'air froid le traverser et il s'emmitoufla dans son manteau de Rothé des glaces, sorte de Aurochs poilu vivant en Damara. Il quitta l'embarcadère et se dirigea vers les tavernes du port, où l'on proposait une soupe de poisson et du rhum. Il s'aliéna de longues heures à leurs tables, quittant un établissement pour un autre. Il n'avait pas sommeil, malgré les verres descendus en compagnie de marins, trop excité à l'idée de prendre la mer prochainement. Il rentra à son auberge au petit matin, faisant un dernier détour par le port.



Soltana se recroquevilla sur le sol, protégeant son visage de ses bras nus. Une brute au service d'Ayor lui asséna un terrible coup de pied au ventre, qui chassa l'air de ses poumons. Par réflexes, elle se plia de douleur et gémit. Bien qu'elle pleurait à chaudes larmes, elle ne désirait pas les supplier de s'arrêter ou leur donner la satisfaction de la terroriser. L'homme l'empoigna par les cheveux et la souleva du sol. Un autre lui attrapa les bras, qu'il tordit douloureusement dans son dos. Ils la battirent comme un homme, lui envoyant de nombreux coups violents, au visage et au corps. Ayor Chernin leur donna l'ordre d'arrêter. De son oeil encore ouvert, elle contempla l'avenant jeune homme, habillé de riches vêtements de soie, s'approcher d'elle avec un sourire narquois.
- Soltana, Soltana, Soltana, dit-il en secouant la tête.
Il lui attrapa le menton et tourna son visage en sa direction.
- Soltana, que vais-je faire de toi, ma petite Soltana ? reprit-il d'un ton funeste.
Soltana tenta de se dégager, mais l'homme qui se tenait dans son dos lui vrilla le bras, lui arracha une fulgurante douleur.
- Je n'ai rien vu, dit Soltana avec empressement.
Ayor savait que c'était faux, mais paru satisfait de la réponse. Soltana était l'une des gagneuses d'Ayor. Les années passant, elle ne se souvenait plus avec exactitude de comment tout avait débuté et les histoires des autres prostitués se mélangeaient souvent avec la sienne, indissociables et similaires. Sa mère était morte peu de temps après ses 16 ans et son père, un marin de passage, n'avait jamais donné signe de vie. Soltana avait rapidement été incapable de payer le loyer de la misérable chambre qu'elles occupaient et elle s'était retrouvée à la rue. Ayor l'avait recueilli alors qu'elle mendiait et l'avait nourrie, lavée, habillée et logée dans une chambre d'un hôtel lui appartenant. Ayor était alors gentil et aimable. Lorsqu'elle se fut habituée à l'opulente vie avec Ayor, visiblement un riche marchand, elle se mit à espérer qu'il la demande en épousailles. Le grand soir arriva et Ayor l'invita dans un restaurant luxueux. A la fin du repas, il lui expliqua avec un immense sourire qu'elle lui devait de l'argent, beaucoup d'argent, pour tous les soins qu'il lui avait prodigués. La dette était astronomique. Chaque repas, chaque cadeau était sournoisement comptabilisé. Soltana pleurait lorsqu'il eut fini. Et curieusement, la seule chose à laquelle elle pensait, c'était le fait qu'elle n'ait pas l'argent. Ayor lui expliqua alors comment le rembourser, la flattant sur ses belles formes et Soltana refusa poliment. Elle trouverait un autre moyen de gagner sa vie. Ayor sourit et la laissa partir. Cette nuit-là, elle rencontra pour la première fois ces hommes de main. Ils la battirent, la violèrent à tour de rôle histoire qu'elle n'oublie pas qu'elle était la volonté d'Ayor. Lorsqu'elle eût bien compris la leçon, elle commença à travailler. Au début, la surveillance d'Ayor et de ses femmes fut constante et les rappels à l'ordre fréquents. Puis finalement, comme beaucoup d'autres, elle exerça sa nouvelle profession. Ayor lui prélevait tous ses revenus, ne lui laissant que quelques piécettes pour vivre. Avec le temps, elle ne se souvint plus du montant de ses dettes, pas plus qu'elle ne se souvenait de ses clients.

Ce soir, alors qu'elle rentrait se reposer, elle avait vu Ayor et ses compères payer un garde des entrepôts et sortir du minerai précieux de ceux-ci. Ce genre de chose qu'une prostituée ne devrait pas voir, elle le savait. Son témoignage, s'il parvenait jusqu'aux autorités, permettrait d'ouvrir une enquête et d'arrêter Ayor. Et ce n'était pas le genre de chose qui plairait à ce dernier.
Ayor sortit une dague de sa veste de daim et la montra à Soltana apeurée.
- Je sais que tu n'as rien vu, Soltana, déclara-t-il d'une voix calme et posée. Tu es une jeune fille obéissante, mais tu dois apprendre ta leçon.
- Je ne dirais rien, à personne. D'ailleurs, je ne sais rien, rien du tout...
- Oh, pour sûr, tu ne parleras pas. Non, tu ne parleras plus jamais, finit-il d'une voix lugubre.
C'est alors qu'une forme le plaqua au sol. Elle eut juste le temps de lire la surprise sur le visage d'Ayor avant qu'il ne s'écroule au sol. La suite fut confuse. Les sbires d'Ayor la jetèrent au sol, se débarrassant d'elle comme d'un fétu de paille. Lorsqu'elle put redresser la tête, quatre hommes se battaient furieusement. Son sauveur était un beau jeune homme d'à peu près son âge, revêtu d'une cotte de maille. Il portait l'épée des nobles, ce qui lui donnait un avantage certain par rapport aux courtes dagues de son souteneur et de ses hommes. Le combat finit brutalement, Ayor et ses deux comparses obligés de fuir devant la vaillance du jeune homme. Une fois sûr que les trois hommes avaient bien pris la fuite, le jeune homme se pencha sur elle avec un sourire rassurant et lui tendit la main. Elle ne connaissait que trop ce genre de sourire. Elle chassa sa main d'un revers de la main et se pleura bruyamment. L'homme se redressa, impuissant et désarmé.
- Il faut nous en aller, mademoiselle, dit le jeune homme d'une voix tremblante qui se voulait rassurante. Ils vont revenir, et certainement plus nombreux. Venez, je vais vous raccompagner chez vous.
Soltana releva la tête et dévisagea le jeune homme.
- Je n'ai nul part où aller, répondit-elle sèchement. Par votre faute.
Le visage de l'homme marqua brièvement la surprise mais se ressaisit rapidement.
- Alors, nous irons à mon auberge.
Soltana secoua la tête pour montrer son désaccord.
- Ecoutez-moi bien, mademoiselle. Même si le fait que je vous aie sauvé la vie à l'instant devrait me donner droit, logiquement, à une certaine forme de reconnaissance que vous ne semblez pas vouloir manifester, je ne vous tiens pas rigueur de votre réaction agressive. Mais, sachez que si vous persistez à rester ici, même s'il s'agit d'une décision inconsidérée et puérile, je serais à vos côtés. Et à la vue du sang qui s'écoule de cette plaie, votre défenseur sera raide mort d'ici une quinzaine de minutes.
Soltana releva de nouveau la tête. Il avait raison, du sang ruisselait de son flanc droit. La blessure avait l'air sérieuse. Soltana se redressa donc et se soutenant l'un l'autre, ils se dirigèrent vers l'auberge du chevalier. Soltana déchira un morceau de sa robe qu'elle appliqua sur la cotte de mailles du jeune homme et celui-ci prit soin de les envelopper dans sa cape. Ainsi, aux yeux des quelques travailleurs présents sur le port, ils passaient pour un noble et une prostituée, tous deux un peu saouls. L'aubergiste jeta un rapide coup d'œil sur le couple et sourit lorsqu'ils entamèrent l'ascension des marches les séparant de leur chambre.

Soltana aida le jeune homme à ôter sa cotte de maille. La blessure avait arrêté de saigner. Soltana la lava avec un linge propre et humide. L'entaille était profonde et les contours de la plaie, noirs. Le jeune homme regarda silencieusement son flanc en soupirant. Tous deux savaient que la lame qui avait percé l'armure du jeune homme avait été empoisonnée. Le chevalier s'allongea sur le lit, couvert de sueur. Soltana sortit de ses jupons un petit canif dont elle déplia la lame. Elle tenta, tant bien que mal, d'inciser son corps pour en sortir le poison. En vain.
- Laissez, mademoiselle. C'est déjà trop tard. Il faut espérer que le poison ne se contentera que de m'affaiblir.
Il tenta de se placer de côté, comme s'il souhaitait dormir. Soltana l'aida du mieux qu'elle put. Elle le veilla un temps, avant de s'assoupir elle-même.
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Message  Scap Mar 15 Aoû - 15:35

Le lendemain, la noirceur s'était répandue sur l'ensemble du torse de l'homme. Il était fiévreux. Soltana décida de sortir cherchez de l'aide, un médecin, un prêtre, n'importe qui. Morgan l'arrêta d'un bras puissant.
- C'est trop tard, douce dame. Mes dernières forces s'épuisent. Je ne connaîtrais jamais les rives de Chessenta...
Il mourut rapidement. Soltana lui donna un dernier baiser et ferma ses yeux. A nouveau seule, elle examina les possibilités qui lui restaient. Elle pouvait se livrer à Ayor, qui la tuerait sûrement. Elle pouvait se rendre aux autorités et le dénoncer. Mais quitter la ville semblait, en cet instant, le choix le plus raisonnable. Refaire sa vie, se marier avec un homme aimant, ou du moins, ne la battant pas trop. Un fermier ou un domestique. Quelqu'un de travailleur. Soltana se leva et se dirigea vers les affaires de Morgan. Elle y trouva des rations, qu'elle s'empressa de picorer, des couvertures, quelques pièces d'or et d'argent et un livre. Il avait une couverture de cuir verdâtre et était maintenu fermé par une ficelle de soie tressée. Elle défit les nœuds et l'ouvrit. Une lettre décachetée était glissée contre la couverture. Elle déplia le morceau de parchemin et lut à haute voix. Bien que maîtrisant les rudiments de la lecture, elle n'avait pas eu l'occasion de pratiquer depuis de nombreuses années. La missive provenait d'un temple de Tempus en Chessenta, signée par le grand prêtre. Elle donnait aux parents de Morgan des instructions pour l'envoi de leur fils au temple, afin qu'il y suive son apprentissage. Soltana reposa la lettre sur l'enveloppe au sol. Elle commença à feuilleter le livre. En fait, il s'agissait du journal de bord de Morgan. Jour par jour, il y retranscrivait sa vie à Damarie, parlait de ses parents et des quelques relations qu'il avait. Soltana passa la journée à découvrir la vie de son sauveur. Elle pleura à certains passages, notamment ceux décrivant sa relation avec son père. Elle envia sa relation tendre avec sa mère et partagea ses rêves de liberté. Elle rangea l'enveloppe et le livre dans le sac et décida de s'enfuir aujourd'hui même de Hlammach. Elle ne savait pas où aller, mais partir au nord, vers Damarie, lui semblait un bon début. Sans se l'avouer, elle caressait le rêve de rencontrer dame Kunelov, de l'approcher de suffisamment près pour pouvoir partager avec elle, la douleur de la perte de son enfant. Il fallait qu'elle sache quel brave homme avait été son fils.

Soltana essayait de monter les marches calmement. Dès qu'elle fut à l'abri des regards, elle accéléra le pas et se précipita dans la chambre de Morgan. L'odeur de mort et de putréfaction l'assaillit aussitôt. Elle grimaça, mais s'engouffra tout de même dans la chambre et en referma la porte. Elle prit cependant le soin de couvrir le corps de Morgan et d'entrebâiller la fenêtre. Les hommes d'Ayor la cherchaient. Ils étaient partout. Elle avait pu se faufiler jusqu'à la porte nord, mais elle avait surpris leur présence auprès des gardes. Elle avait alors obliqué en direction de la tour de garde du centre, afin d'y chercher protection. Là encore, ils étaient postés. Aucune chance de leur échapper. Elle rumina dans la chambre, faisant les cents pas tout en retournant le problème dans tous les sens. C'est tard dans la nuit, alors qu'elle manipulait nerveusement la lourde épée de Morgan (elle se sentait rassurée de la tenir dans ses mains), qu'elle prit sa décision. Elle coupa ses cheveux à la manière de Morgan, arrangea son visage et entraîna son élocution. Au petit matin, revêtu de la cotte de maille, emmitouflée dans la cape de Morgan, elle se dirigea vers l'embarcadère. Le tavernier avait à peine jeté un coup d'œil à son passage. Elle trouva rapidement le Faucon noir, qui devait partir dans la matinée. Le capitaine l'accueillit avec sévérité, et lui indiqua sa cabine. Soltana posa les affaires de Morgan et pleura nerveusement jusqu'au départ du navire. Lorsque plusieurs heures furent écoulées, elle osa enfin monter sur le pont supérieur et regarda les côtes Impilturiennes qui n'étaient plus maintenant qu'une ligne noire à l'horizon. Si le plan de départ avait été de quitter Impiltur par bateau et de débarquer dès que possible, elle comprit assez vite que le Faucon noir ne s'arrêterait qu'à destination, en Chessenta. Elle se dit alors qu'elle trouverait bien là-bas un moyen de repartir pour Damarie. Au bout de quelques jours, elle se dit qu'il serait tout aussi bien de s'installer là-bas, même si elle ne connaissait rien de cette contrée. A la fin de la semaine, elle se persuada que le plus sage était de se rendre au temple de Tempus, comme Morgan l'aurait fait. Ce virement de pensée se fit lentement, au fur et à mesure de la lecture assidue du journal intime de Morgan. Elle pensait au grand homme qu'il aurait pu devenir, et à la vilenie d'Ayor. Elle se mettait à la place de dame Kunelov et imaginait sa peine. Mais elle pensait surtout à son désir de vengeance, de justice. Et le temple de Tempus serait certainement l'endroit où commencer. Plus le bateau voguait et plus elle fut persuadée que sa rencontre avec Morgan n'avait pas été fortuite, qu'il s'agissait d'un signe du destin.

Le faucon noir accosta enfin. Soltana se tenait sur le pont avec les autres passagers. Le vent cinglait son visage et elle passa nerveusement sa main dans ses cheveux courts. Bien que fine, ses mains n'étaient plus celles d'autrefois. Elle s'était tellement entraînée au maniement de l'épée au cours du voyage que des cals s'étaient formés en de nombreux endroits de ses paumes. Sa peau, séchée par le sel de la mer, paraissait plus rugueuse. Seule une étude attentive aurait permis de l'identifier comme une femme. Le port de l'armure ne la gênait plus, il s'agissait plus d'une seconde peau, froide et rassurante. Elle débarqua et se dirigea vers un prêtre qui hélait au hasard, le nom de famille de Kunelov. Elle se présenta, remit sa lettre d'admission et partit avec lui, à dos de cheval. C'était la première fois qu'elle montait, et après quelques tâtonnements, elle se sentit à l'aise. Le voyage dura une bonne semaine à travers les terres. De quoi parfaire sa couverture. Elle fit les derniers ajustements et constata que le prêtre ne sourcillait que peu lorsqu'elle lui adressait la parole. Elle prenait soin de placer sa voix, afin de la masculiniser. Le temple de Tempus fut bientôt en vue. Il s'agissait ni plus ni moins d'une sorte de place forte, avec de nombreux bâtiments militaires. Une grande cour était organisée en lice et des chevaliers et paladins s'y entraînaient. Elle fut dirigée jusqu'au bâtiment des novices...

Soltana ne quittait presque jamais sa cotte de maille. Même si les paladins de l'ordre portaient le plus souvent une plaque complète (ce qui était son cas pendant la journée), elle ne défaisait après l'entraînement que le plastron, les jambières et les brassières. Elle passait plus de temps que les autres paladins à s'occuper de sa monture, ce qui lui permettait de se laver seule. L'entraînement était autant vigoureux que rigoureux. Par chance, la discipline militaire exercée par le temple ne laissait que peu de place à l'expression orale, aussi personne ne s'étonna de la voix de fausset du chevalier Morgan. La matinée, les prêtres dispensaient l'enseignement religieux et chevaleresque et l'après-midi était dédié aux exercices physiques, comme l'apprentissage martial et l'équitation. Mais physiquement armée que les autres membres du temple, elle parvint à compenser sa faible stature par une intelligence de combat plus développé, maniant particulièrement bien le déséquilibre et le contre-pied. Mais c'était surtout sur une monture que Soltana était adroite. Après des débuts laborieux, elle devint une experte de l'équitation et du combat monté. Elle troqua rapidement son épée pour une lance de combat, qu'elle utilisa pour finir même au sol. La lance, bien que plus difficile à manier, lui donnait une allonge suffisante pour tenir à distance ses adversaires. Au final, alors que les premiers novices quittait le temple, exclus faute de capacité suffisante, Soltana passa en deuxième année haut la main, major de la lice (l'épreuve de combat monté), quatrième au maniement des armes, classée en ce qui concerne l'héraldique et les questions religieuses.

L'entretien avec le haut prêtre fut une épreuve plus délicate. Les postulants pour la deuxième année devaient choisir une orientation religieuse, parmi deux divinités : Tempus, dieu de la guerre et des armes, Red Knight, Déesse de la Stratégie et de la Tactique. Le haut-prêtre accueillit Soltana dans son bureau. Il était spartiate mais dénotait d'un certain goût. Sur son bureau était posé sur un présentoir une étrange épée, ressemblant à un sabre. L'arme semblait magnifiquement ouvragée, à en juger par le fourreau. Le haut-prêtre désigna une chaise.
- Asseyez-vous, aspirant, dit-il sèchement.
Il profita de ce laps de temps pour extraire de son registre les notes et appréciations des enseignants de Soltana. Il sourcilla légèrement.
- Bien, aspirant. Vos instructeurs signalent que vous êtes un bon élément. Vous connaissez l'objet de notre entretien, n'est ce pas ?
- Oui, répondit Soltana après s'être raclée la gorge.
- Vous devez donc savoir que même si vous avez réussi les différentes épreuves imposées par le temple, je peux toujours vous exclure, faute de croyances suffisantes ou de ferveur religieuse ?
Soltana frémit. Elle s'était tellement concentrée sur la maîtrise des armes qu'elle avait oublié l'aspect religieux de la chose. Certes, elle connaissait les prières, les rites sacrés mais pouvait-elle se considérée réellement comme pratiquante ?
- Je l'ignorais, répondit-elle.
Le haut-prêtre la regardait malicieusement.
- Avez-vous la foi, aspirant Kunelov ?
Soltana réfléchit un instant.
- Je ne sais pas, finit-il par dire laconiquement.
- Vous ne savez, reprit le prêtre d'une voix plus autoritaire. Après toutes ces années d'enseignement, de privations et d'épreuves, vous ne savez pas.
- Non.
- C'est bien la première fois qu'un aspirant me donne une réponse négative aussi franche. D'habitude, tous les élèves sont catégoriques sur la valeur de leur foi. Ils sont sûrs de leurs choix. Je vais être dans l'obligation de vous recaler, aspirant...
Quelque chose dans son sourire disait qu'il n'avait pas encore pris sa décision.
- Haut-prêtre, comment pourrais-je savoir si j'ai la foi ? Au sein de ce temple, nous avons appris à nous battre, nous avons écouté les prières, récité les credos. Mais avons-nous réellement mis à l'épreuve nos croyances ? N'est ce pas dans l'adversité que l'on juge le croyant ? N'est-ce pas les dilemmes qui le rapprochent de sa divinité ?
- Vous sous-entendez que "Sans choix, pas de foi" ?
- Oui, c'est à peu près ça. Je connais mes aspirations, c'est tout.
- Vos aspirations. Et quelles sont telles ?
Soltana réfléchit. Si son discours était sorti naturellement, cela faisait plus d'un an qu'elle n'avait pas pensé d'elle-même, qu'elle n'a pas fait le point sur sa situation. Elle était trop obnubilée à cacher sa féminité des autres occupants du temple.
- Je crois en la destinée. Et j'aimerais croire à la justice.
Le haut-prêtre en guise de réponse hocha la tête.
- Je vois. Pourquoi avoir choisi le temple de Tempus, alors ?
- C'est mon père qui a choisi pour moi. Je n'ai fait que suivre sa volonté, mentit Soltana.
- D'autres divinités correspondraient plus à vos désirs profonds. Tyr, par exemple. Ce temple n'est pas fait pour vous. Tempus est un dieu fort et vaillant, aimant le combat, et protège les meilleurs combattants, qu'ils soient du côté du juste ou non. Soumis à l'épreuve de la guerre, les hommes peuvent aléatoirement devenir des généraux ou mourir.
- Je ne suis pas entièrement d'accord avec vous, haut-prêtre. Tempus est un dieu qui aime le combat, certes, mais pas celui qui verse le sang inutilement. En bon conquérant, il se refuse à emporter la victoire en commettant des exactions. Il exècre les pillages ou la violence sur des faibles et valorise le respect de l'adversaire. Tempus, à sa manière, est juste. Il protège les vaillants, à condition qu'ils se battent honorablement. Pour lui, la guerre doit être rapide et courte, sans dommages collatéraux inutiles. Même sa filiation le démontre : de ces deux enfants, Garagos et Red Knight, il ne reconnaît que sa fille. Garagos, dieu de la guerre et de la destruction, a été répudié, car il hait la paix. Pour Garagos, tous les moyens sont bons pour gagner et le vainqueur devient le juste, celui qui a raison. Je ne peux penser que vous considérez Tempus comme un dieu aveugle et injuste.
Le sourire du haut-prêtre avait disparu. Il regardait intensément Soltana.
- Pour une personne de peu de foi, je vous trouve très pertinente. Nombreux sont ceux qui ont échoué lors de mon petit discours. Je vous félicite, jeune Morgan. Mais je ne peux vous accepter au sein de l'église de Tempus.
Soltana resta bouche bée. Pouvait-elle être exclue parce qu'elle avait réussi ?
- Non, vous rejoindrez l'ordre de Red Knight, comme le font toutes les femmes. Vos doutes et vos aspirations feront de vous un général implacable et prudent.
Soltana ne dit mot. Elle rougissait.
- Ne vous étonnez pas, Morgan. Certains secrets, aussi lourds soient-ils à porter, peuvent être brisées par la magie de Tempus. Pensiez-vous vraiment que nous n'interrogions pas vos divinités sur le choix de nos aspirants ? Que cet exemple vous serve de leçon. Puisse-t-il vous montrer le pouvoir de la foi.
Soltana baissa la tête, honteuse.
- Votre secret sera bien gardé, rassurez-vous. Il n'est point question que nous le dévoilions contre votre gré. Vous pouvez disposer, aspirant.
Soltana se leva, tremblante.
- Aspirant ! dit sèchement le haut-prêtre. Vous avez du courrier.
Le haut-prêtre lui tendit une lettre cachetée. Elle reconnut le sceau des Kunelov, elle en portait un à sa main droite depuis maintenant un an.
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Message  Scap Mar 15 Aoû - 15:35

Elle mit du temps à ouvrir la lettre. L'entrevue avec le haut-prêtre l'avait bouleversée et elle craignait de découvrir ce que contenait la missive. Elle finit par la lire; Il s'agissait de la mère de Morgan, qui prenait de ses nouvelles. Elle s'était inquiété de l'absence de courrier et espérait que tout se passait bien. Soltana se rendit aux écuries pour réfléchir et se changer les idées. Elle se décida finalement à répondre. Elle s'exerça minutieusement à reproduire l'écriture de Morgan et fit une lettre courte, qu'elle recommença plusieurs fois avant d'être satisfaite du résultat. Elle ne voulait pas qu'elle soit trop impersonnelle et s'inspirant du journal de Morgan, elle trouva les mots justes, celle d'un fils à sa mère. La réponse parvint au milieu du printemps. Soltana l'ouvrit impatiemment et son anxiété se dissipa à la lecture des mots réconfortants de la mère de Morgan. Dame Kunelov expliquait dans sa missive que son père, quoique déçu qu'il ne fût pas accepté au sein de l'église de Tempus, plus prestigieuse, ne tarissait plus d'éloges sur son "général de fils". Soltana continua à répondre régulièrement, presque heureuse d'avoir une famille à qui écrire...

L'enseignement de la stratégie reposait sur le bon sens. En dehors des quelques principes séculiers, l'ensemble reposait principalement sur le bon usage de ses troupes. Le succès reposait sur 5 piliers : la doctrine, le ciel, la terre, le général et la discipline. La doctrine est essentiellement une discipline de l'esprit fondée sur l'observation et l'expérimentation. Etudier, c'est être attentif et pouvoir reproduire, mais aussi réfléchir en s'astreignant à toujours confronter les images aux faits. La doctrine fait naître l'unité de pensée ;elle inspire une même manière de vivre et de mourir, rend intrépides et inébranlables dans les malheurs et devant la mort. Le ciel englobe tous phénomènes naturels qui ont l'atmosphère pour théâtre. Il comporte l'astronomie, la météorologie et la climatologie. Cela permet au général de savoir à quel moment surviendra le froid, le chaud, la sérénité ou les perturbations. La terre est tout aussi important : un général doit connaître le haut et le bas, le proche et le lointain, le vaste et l'étroit, ce qui est permanent et ce qui est temporaire. La doctrine, l'équité, l'amour pour tous ceux qui sont les subordonnés et pour tous les hommes en général, la science des ressources, le courage et la valeur sont les qualités qui doivent caractériser celui qui est revêtu de la dignité de Général. Enfin, à ces connaissances, il faut ajouter celle de la discipline. Savoir ranger ses troupes, n'ignorer aucune règles de la subordination et les faire rigoureusement observer, connaître les attributions de chacun des subalternes, posséder tous les moyens par lesquels on peut atteindre un résultat, ne pas dédaigner, quand il se doit, d'entrer dans tout le détail de ce qui doit être précisé et acquérir la juste notion de la valeur de chacun de ces détails en particulier, tout cela forme ensemble un corps de discipline dont la connaissance ne doit pas échappé à la sagacité ni à l'attention du général. Par rapport à l'ennemi, un commandant peut se retrouver dans une infinité de situations qu'on ne peut toutes ni prévoir, ni énoncer. C'est l'expérience qui suggéra ce qu'il faut faire dans chaque cas particulier. Ainsi, dix fois plus fort que l'ennemi, il faut l'envelopper sans lui laisser la moindre issue. Cinq fois plus fort que l'ennemi, il faut l'attaquer par 4 côtés. Deux fois plus fort, il faut partager son armée, de telle sorte que l'une des parties immobilise l'ennemi et que l'autre attaque. A égalité, l'engagement ne repose que sur le hasard et c'est là qu'il faut éviter la moindre faute. L'évitement et la recherche de la protection permettent de lasser et de maîtriser même une nombreuse armée...



Sept ans s'étaient écoulés. Le voyage du retour fut vécu par Soltana comme une dure épreuve. Quitter le temple, et ses habitudes, était déjà difficile, mais retourner au pays, qu'il soit Impiltur ou Damarie, serait une étape délicate. Elle avait vieilli, comme tous les autres aspirants, devenue femme pendant que les autres devinrent des hommes. Personne, pas même son ancien souteneur ne l'aurait reconnue. Elle cultivait sa ressemblance avec Morgan et son entraînement l'avait transformé physiquement et psychologiquement. Elle était même persuadée que les Kunelov ne la démasquerait pas. En tout cas, pas le père de Morgan. Mais ce n'était pas sa priorité alors que le bateau s'approchait du port d'Hlammach. Pour l'heure, elle allait savourer sa vengeance.
Elle ne mit pas longtemps à retrouver leurs traces. Ils n'avaient pas changé d'habitude. Elle se posta la nuit, devant les entrepôts, agrandis depuis son départ, à même les quais. Elle passa une bonne partie de la soirée, cachée derrière des caisses destinées à l'exportation. Un des hommes d'Ayor y vint, comme elle s'en serait doutée et détourna ainsi un petit chargement de minerai. Elle le suivit, de loin, vérifiant la destination du colis. Le sbire s'arrêta devant une magnifique maison et elle interrogea un marchand des environs qui lui confirma qu'il s'agissait de la demeure d'Ayor.
Moins naïve, elle savait maintenant que si le trafic continuait, c'est que les autorités étaient-elles aussi de mèche. Aussi se contenta t-elle d'une surveillance des activités d'Ayor pendant une petite semaine, redécouvrant ses différentes habitudes. Elle passa à l'action le septième jour. Elle attaqua le porteur du minerai, qui se s'enfuit rapidement. Elle l'utilisa pour s'acheter quelques fioles d'antipoison au temple local. Le lendemain, elle attaqua de nouveau le convoi (qui comprenait cette fois trois hommes) et les défit aussi facilement. Elle donna l'ensemble aux pauvres de la ville. Le neuvième soir, elle attendit que les hommes viennent chercher le minerai. Ils étaient beaucoup plus nombreux, la garde personnelle d'Ayor. Elle se hâta en direction du manoir de ce dernier. Elle récupéra le matériel dissimulé dans une ruelle et pénétra dans les jardins. Elle fit sortir les chevaux et mit le feu à l'écurie, faisant ainsi sortir les serviteurs et quelques gardes. Elle pénétra à l'intérieur de la maison pendant la confusion qui s'en suivit. Elle monta à l'étage et pénétra dans le bureau d'Ayor. Comme à son habitude, il s'y trouvait. Il fut très désagréablement surpris. Il commença par appeler à l'aide, puis en homme d'affaire se ravisa et tenta de gagner du temps en discussions, faisant appel aux vertus du paladin pour l'épargner. Soltana défit son heaume et le posa sur le bureau. Ayor se décomposa puis essaya de fuir. Elle le bloqua de sa lance. Ayor tira de sa manche une dague effilée et la jeta sur Soltana, entre deux plaques d'armure. Elle retira nonchalamment l'objet, le jeta au sol. D'une mains, elle tira de sa besace une potion vide qu'elle posa sur le bureau.
- Antidote, dit-elle avec un sourire.
- Que me veux-tu, Soltana ? demanda-t-il inquiet.
- Je viens rembourser ma dette. Pas celle que je te dois, mais celle que je dois à Morgan...
- Qui c'est ce Morgan ? s'écria-t-il avant de mourir...



Soltana n'était pas fière de ce qu'elle avait fait. Elle aurait préféré un autre dénouement, plus traditionnel. Mais l'enseignement de Red Knight préconisait parfois des frappes chirurgicales plutôt que des batailles rangées. Elle pria dans un sanctuaire non dédié pour se purifier et partit vers le nord, découvrir la famille de Morgan. Damarie était, comme attendu, une contrée froide et inhospitalière. Soltana s'orienta en questionnant des voyageurs, afin de regagner les terres de Polten. Elle mena sa monture jusqu'au domaine "familial"...

Lorsque se présenta au manoir, des gardes l'arrêtèrent.
- Qui va là ? demanda l'un d'entre d'eux.
Il était ventrue et arborait une grosse moustache, descendant jusqu'au menton.
- Ne me reconnais-tu pas, Arlec ? demanda-t-elle d'une voix autoritaire.
Le garde pâlit et se courba.
- Milles excuses, messire Morgan, cela fait des années que je ne vous ai pas vu et dans cette armure...
- Tu es tout excusé, Arlec. Je ne me serais pas reconnu moi-même. Heureux de te revoir.
Le garde sembla visiblement agréablement surpris.
- Je vais vous conduire à votre père.
Soltana démonta et donna une dernière caresse à sa monture, puis emboîta le pas d'Arlec. Elle ne voulait pas se laisser distancer dans un endroit non familier.
Le père de Morgan la reçut sans attendre dans une salle d'audience publique. Elle n'était pas d'une grande taille et éclairée par des torches. Les fenêtres de l'endroit, principalement des vitraux, ne laissaient pas filtrer beaucoup de lumière. Une chance, se dit-elle intérieurement.
Igor Kunelov était un homme trapu et chauve. Son corps entier exsudait la dureté. Ses traits étaient crispés et peu souriant. Il était vêtu d'une chemise blanche et d'un pantalon de toile. Il avait enfilé un manteau de laine rehaussé de fourrure de loutre. Derrière lui, impatiente et l'œil pétillant, sa femme, Kristina, un femme menue et élégante, dont la beauté avait été préalablement fanée par les rudes conditions de la région. Igor s'installa dans une chaise surélevée par quelques marches et s'accouda largement. Kristina, une fois son époux assis, se positionna à sa gauche, sa main délicate posée sur son épaule. Igor regarda des pieds à la tête le chevalier qui se tenait devant lui.
- Mon fils, finit-il par s'exclamer avec une voix grave et lourde d'accent. Enfin de retour. Un paladin de Red Knight. Viens dans mes bras, mon fils.
Soltana fut surprise de la force de l'homme lorsqu'il la serra dans ses bras. Elle ne quitta pas Kristina des yeux, la seule selon elle à pouvoir percer son déguisement. Elle souriait toujours...

Très rapidement, la vie au manoir devint insupportable. Igor Kunelov pressait son fils de lui enseigner l'art de la guerre. Malgré tous ces efforts pour lui démontrer la stupidité d'une telle entreprise, son père voulait savourer sa vengeance. Il restait convaincu que le meilleur des généraux l'emporterait sur une armée cent fois plus nombreuse. Heureusement, il mourut pendant l'hiver emporté brusquement par une maladie. Sur son lit de mort, Soltana refusa de jurer d'accomplir la vengeance de son père avec une telle force que Kristina en pleura. Une fois en terre, Soltana annonça sa volonté de se rendre auprès du Baron Donvely, pour lui offrir son serment d'allégeance, maintenant qu'il héritait de la charge de son père. Sa mère acquiesça, brodant devant une fenêtre comme à son habitude. Mais Soltana n'avait pas la force de la quitter ainsi.
- Mère, finit-il par dire après une longue période d'observation, j'ai quelque chose à vous dire.
- Ce n'était pas un homme mauvais, l'interrompit-elle.
- Qui ça ? demanda-t-elle naïvement.
- Son père. Il n'était pas mauvais.
Soltana, une fois encore fut surpris de sa naïveté. Depuis le début, elle savait.
- Quand ? Quand avez-vous su ?
- Dès la première lettre. J'ai su que ce n'était pas mon fils. Jamais il ne parlait de ses sentiments. Il avait peur que son père le prenne pour de la faiblesse.
Le journal ! C'est dans le journal qu'il marquait ce qu'il aurait aimé dire...
- J'aurais aimé savoir pourquoi vous avez pris sa place. J'aurais aimé savoir si mon fils était toujours vivant.
Soltana s'approcha de la femme et lui posa une main chaleureuse sur l'épaule. Elle lui raconta toute l'histoire, sans rien n'oublier. Elle lui donna le journal de son fils, qu'elle lut en pleurant. Les deux femmes se réconfortèrent mutuellement. Elles apprirent pendant ce court instant à s'apprécier. Avant partir, Soltana demanda à Kristina :
- Je comprendrais si vous révéliez la vérité sur mon déguisement. Je comprendrais et je vous pardonnerais.
- Ma fille, lui répondit-elle en souriant, quel bien ferait la vérité ?


Alors que Soltana chevauchait vers Vergast, la ville où le baron passait l'été, la cloche de l'église se mit à sonner l'alerte...
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Message  Dragon Mar 15 Aoû - 18:37

J'espère que tes joueurs te disent un gigantesque merci!

Ta dernière t'as pris combien de temps?
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Message  Scap Mer 16 Aoû - 1:00

J'ai eu plus de mal sur celle-là. Je dirais 12 heures, mais je compte pas vraiment, donc ca reste de l'estimation.
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Message  Dragon Mer 16 Aoû - 1:41

J'ai une question, fais-tu ce genre de background pour tous les PJ de ta campagne? Si oui, à quelle fréquence vous faites des campagnes? Car si vs mourrez vite (comme il nous arrive souvent à nous) cela doit être pénible!

Super encore!
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Message  Guillaume Mer 16 Aoû - 1:52

Franchement la dernière fois que je suis mort c'étais quand...j'me suis fais vampiriser par Charles et deviens Vlad le vampire ! Depuis je suis 'mourrut' plusieurs fois, mais on s'en fou puisqu'un vampire ne peux jamais vraiment être tuer !


Et puis ya eu aussi la fois ou il m'restait quoi ? 25 pv sue 120 avec mon rodeur, et comme l'autre joueur voulait vraiment anéantir l'ennemi il lance une boule de feu maximiser et 'empowerer' (désolé je sais pas comment le dire en francais) ce qui m'expédia vite fais dans les -65pv. Ensuite j'ai passé un bon bout de temps en tant que fantôme dans les enfer jusqu'a temps que mes amis viennent me chercher. Et il se l'ait fait dire le maudit Mystic-Theurge !
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